Eglises d'Asie - Voilà 150 ans, les premières carmélites arrivaient au Vietnam, troisième congrégation religieuse féminine à s’installer dans le pays. Les Amantes de la Croix avaient été fondées sur place dès le début de l’évangélisation et les religieuses de Saint-Paul de Chartres étaient arrivées à Saigon l’année précédente. Le carmel Saint-Joseph de Saigon a célébré cet anniversaire le 19 mars 2011, ...
... en la fête de Saint Joseph. Une messe solennelle d’action de grâces a été célébrée, présidée par le cardinal-archevêque de Saigon. Trois évêques concélébraient également, ainsi que 36 prêtres, dont des carmes, des prêtres du grand séminaire, voisins immédiats du Carmel, et un certain nombre d’autres ecclésiastiques. Des représentants des diverses communautés religieuses de Saigon étaient venus participer à la cérémonie.
Avant la messe, une histoire sommaire du carmel de Saigon a été présentée aux participants. En réalité, l’histoire du carmel au Vietnam avait commencé dès avant l’arrivée des premières religieuses. Le projet de fondation du carmel avait germé au mois de mai 1846 dans l’esprit d’un prisonnier condamné à mort (1), Mgr Dominique Lefebvre. Celui-ci avait été détenu et condamné à mort à Huê une première fois, alors qu’il venait d’être consacré coadjuteur de Mgr Cuénot, alors responsable du vicariat apostolique de Cochinchine. Il fut arrêté et condamné une seconde fois, après qu’il eut été nommé vicaire apostolique de la Cochinchine occidentale, nouvellement créée. Au cours de son séjour en prison – il le révélera plus tard –, il reçut une consigne mystérieuse de sainte Thérèse d’Avila : « Etablissez le Carmel en Annam : Dieu en sera grandement servi et glorifié. »
Peu après sa libération, l’évêque se mit en rapport avec le carmel de Lisieux, où se trouvait l’une de ses cousines, Sr Philomène. Il proposa aux religieuses de venir fonder une communauté à Saigon. La mère prieure de Lisieux attendit cependant une dizaine d’années avant de confier cette tâche à Sr Philomène et à trois de ses compagnes, qui débarquèrent au Vietnam en octobre 1861. Dans l’une de ses premières lettres, Sr Philomène écrivait : « Le 9 octobre 1861, nous avons posé les pieds sur la terre d’Annam, cette terre imprégnée du sang de tant de martyrs. Elle est désormais devenue notre patrie bien-aimée. » Les débuts furent très difficiles, dans une hutte aménagée en carmel provisoire. Au bout de trois mois, deux religieuses repartaient en France pour des raisons tenant autant de la santé que du découragement.
Malgré cela, la communauté commença bientôt à prendre de l’ampleur. Les premières postulantes vietnamiennes commencèrent leur formation. Dès 1862, sur un terrain concédé par l’amiral Charner, les premiers bâtiments du carmel actuel commencèrent à s’élever et, au mois de juin 1862, la petite communauté carmélitaine, composée de deux religieuses françaises et de cinq postulantes vietnamiennes, vint s’y installer. Dans ce nouveau cadre, la vie religieuse de la communauté, faite de contemplation et d’adoration, se régularisa et s’approfondit. Grâce à l’entrée de nouvelles jeunes filles attirées par la spécificité de cette vie contemplative, le premier groupe de religieuses ne cessa de s’agrandir. Si bien que, lorsque Mgr Gendreau, vicaire apostolique du Tonkin, exposa à Sr Philomène son désir de voir fonder un carmel à Hanoi, celle-ci accepta avec joie. C’est ainsi qu’en 1895, peu de temps avant la mort de Sr Philomène, un groupe de ses compagnes partit fonder le carmel de Hanoi.
Le développement de la communauté carmélitaine au Vietnam continuera tout au long du XXème siècle. Au mois d’octobre 1909, Mgr Allys, vicaire apostolique de la Cochinchine septentrionale, se rendit lui-même au couvent de Hanoi pour y chercher le petit groupe de religieuses chargées de former la première communauté de contemplatives dans la capitale impériale de la dynastie des Nguyên. Il y avait deux religieuses françaises, originaires des carmels du Mans et de Blois, et deux religieuses vietnamiennes, formées l’une à Saigon, l’autre à Hanoi. Le carmel de Huê, ainsi fondé, essaimera plusieurs fois. En 1923, il fondera le premier carmel des Philippines, qui par la suite donnera naissance à 23 autres couvents. En 1929, un groupe de carmélites de Huê fondera le carmel du diocèse de Thanh Hoa, aujourd’hui devenu le carmel de Nha Trang. Enfin, en 1975, c’est toute la communauté de Huê qui, à cause de la guerre, viendra s’installer dans la paroisse de Binh Trieu à Saigon. En cette période très difficile, les postulantes affluent et les religieuses sont au nombre de 38 lorsqu’en 1997, un petit groupe d’entre elles revient à Huê pour y faire revivre leur couvent d’origine.
Cette célébration du 150ème anniversaire ne s’achèvera pas avec la messe solennelle du 19 mars. Celle-ci marque, en réalité, l’ouverture d’une Année sainte qui se prolongera jusqu’aux 19 mars 2012. Le décret du Saint-Siège proclamant cet événement a été lu durant la célébration eucharistique, ainsi que les conditions pour obtenir une indulgence plénière (1).
(1) Voir VietCatholic News, 22 mars 2011 ; « Le premier Carmel en Extrême – Orient », Annales des MEP, année 1937, pages 69-75 ; EDA 504
(Source: Eglises d'Asie, 28 mars 2011)
... en la fête de Saint Joseph. Une messe solennelle d’action de grâces a été célébrée, présidée par le cardinal-archevêque de Saigon. Trois évêques concélébraient également, ainsi que 36 prêtres, dont des carmes, des prêtres du grand séminaire, voisins immédiats du Carmel, et un certain nombre d’autres ecclésiastiques. Des représentants des diverses communautés religieuses de Saigon étaient venus participer à la cérémonie.
Avant la messe, une histoire sommaire du carmel de Saigon a été présentée aux participants. En réalité, l’histoire du carmel au Vietnam avait commencé dès avant l’arrivée des premières religieuses. Le projet de fondation du carmel avait germé au mois de mai 1846 dans l’esprit d’un prisonnier condamné à mort (1), Mgr Dominique Lefebvre. Celui-ci avait été détenu et condamné à mort à Huê une première fois, alors qu’il venait d’être consacré coadjuteur de Mgr Cuénot, alors responsable du vicariat apostolique de Cochinchine. Il fut arrêté et condamné une seconde fois, après qu’il eut été nommé vicaire apostolique de la Cochinchine occidentale, nouvellement créée. Au cours de son séjour en prison – il le révélera plus tard –, il reçut une consigne mystérieuse de sainte Thérèse d’Avila : « Etablissez le Carmel en Annam : Dieu en sera grandement servi et glorifié. »
Peu après sa libération, l’évêque se mit en rapport avec le carmel de Lisieux, où se trouvait l’une de ses cousines, Sr Philomène. Il proposa aux religieuses de venir fonder une communauté à Saigon. La mère prieure de Lisieux attendit cependant une dizaine d’années avant de confier cette tâche à Sr Philomène et à trois de ses compagnes, qui débarquèrent au Vietnam en octobre 1861. Dans l’une de ses premières lettres, Sr Philomène écrivait : « Le 9 octobre 1861, nous avons posé les pieds sur la terre d’Annam, cette terre imprégnée du sang de tant de martyrs. Elle est désormais devenue notre patrie bien-aimée. » Les débuts furent très difficiles, dans une hutte aménagée en carmel provisoire. Au bout de trois mois, deux religieuses repartaient en France pour des raisons tenant autant de la santé que du découragement.
Malgré cela, la communauté commença bientôt à prendre de l’ampleur. Les premières postulantes vietnamiennes commencèrent leur formation. Dès 1862, sur un terrain concédé par l’amiral Charner, les premiers bâtiments du carmel actuel commencèrent à s’élever et, au mois de juin 1862, la petite communauté carmélitaine, composée de deux religieuses françaises et de cinq postulantes vietnamiennes, vint s’y installer. Dans ce nouveau cadre, la vie religieuse de la communauté, faite de contemplation et d’adoration, se régularisa et s’approfondit. Grâce à l’entrée de nouvelles jeunes filles attirées par la spécificité de cette vie contemplative, le premier groupe de religieuses ne cessa de s’agrandir. Si bien que, lorsque Mgr Gendreau, vicaire apostolique du Tonkin, exposa à Sr Philomène son désir de voir fonder un carmel à Hanoi, celle-ci accepta avec joie. C’est ainsi qu’en 1895, peu de temps avant la mort de Sr Philomène, un groupe de ses compagnes partit fonder le carmel de Hanoi.
Le développement de la communauté carmélitaine au Vietnam continuera tout au long du XXème siècle. Au mois d’octobre 1909, Mgr Allys, vicaire apostolique de la Cochinchine septentrionale, se rendit lui-même au couvent de Hanoi pour y chercher le petit groupe de religieuses chargées de former la première communauté de contemplatives dans la capitale impériale de la dynastie des Nguyên. Il y avait deux religieuses françaises, originaires des carmels du Mans et de Blois, et deux religieuses vietnamiennes, formées l’une à Saigon, l’autre à Hanoi. Le carmel de Huê, ainsi fondé, essaimera plusieurs fois. En 1923, il fondera le premier carmel des Philippines, qui par la suite donnera naissance à 23 autres couvents. En 1929, un groupe de carmélites de Huê fondera le carmel du diocèse de Thanh Hoa, aujourd’hui devenu le carmel de Nha Trang. Enfin, en 1975, c’est toute la communauté de Huê qui, à cause de la guerre, viendra s’installer dans la paroisse de Binh Trieu à Saigon. En cette période très difficile, les postulantes affluent et les religieuses sont au nombre de 38 lorsqu’en 1997, un petit groupe d’entre elles revient à Huê pour y faire revivre leur couvent d’origine.
Cette célébration du 150ème anniversaire ne s’achèvera pas avec la messe solennelle du 19 mars. Celle-ci marque, en réalité, l’ouverture d’une Année sainte qui se prolongera jusqu’aux 19 mars 2012. Le décret du Saint-Siège proclamant cet événement a été lu durant la célébration eucharistique, ainsi que les conditions pour obtenir une indulgence plénière (1).
(1) Voir VietCatholic News, 22 mars 2011 ; « Le premier Carmel en Extrême – Orient », Annales des MEP, année 1937, pages 69-75 ; EDA 504
(Source: Eglises d'Asie, 28 mars 2011)